MÉDIATION CULTURELLE EN SOINS PALLIATIFS
FAIRE BELLE
Des débuts et des fins.
Les observer.

En mai et juin 2023, j’ai passé beaucoup de temps aux soins palliatifs en tant qu’artiste en résidence. J’offrais aux personnes en fin de vie de la poésie, des chansons, des vidéos mais surtout de l’écoute. J’ai observé les débuts de nos rencontres, malhabiles ou tendres. Aussi, quelques fois, le début d’une amitié. J’ai observé des fins d’expiration suivies d’un gap inquiétant puis le début râlé du prochain souffle.

J’ai observé des fins de vie.

Je continue, pis sûrement vous aussi, à observer ce que ça fait quand une fin, c’est le début d’une perte. Je me pratique à être curieuse des débuts, des ouvertures qu’ils créent en moi. Parce que comme m’a dit une dame magnifique : « On sait jamais ce qui nous pend au bout du nez. Aussi ben faire belle la journée qui s’en vient. »

La vidéo que je partage ici, c’est un témoignage de ces deux mois-là.

Au début du projet, j’ai filmé de la beauté comme des souvenirs ou des caresses. Lors de mes rencontres, j’ai projeté quelques-unes de ces images-là dans les chambres, sur les oreillers, les murs. Ça a ouvert des conversations. J’ai écouté les gens se raconter comme des romans. J’ai collectionné des phrases trop belles comme : « Deux-trois mois, que le docteur m’a dit. Deux-trois mois à vivre ou Deux-trois mois à mourir? »

Mon ami Navet a mis en musique la phrase de la dame magnifique puis mon autre ami Sébastien l’a ajouté à un court montage de nos vidéos. Ça donne du rude sur du doux, du doux sur du rude.

Karine tient à remercier Montréal – Médiation culturelle, la Fondation PalliAmi puis les artistes qui s’investissent avec elle dans ce projet : Navet Confit, Sébastien Croteau et Sylvie Cotton.

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JOURNAL DE SOINS PALLIATIFS

Extraits du journal de Karine

« Ça se poursuit, je vais aux soins pall à l’hôpital Notre-Dame et je rencontre des personnes en fin de vie. J’y touche du très plein et du grand vide. L’idée c’est de rester curieuse pis de savoir qu’on peut être présent.e avec le vivant, même quand il s’étiole. Qu’on peut être présent.e tout court. Qu’on est capable.

Là-bas, je tiens un journal. J’ai cette envie aujourd’hui d’en partager quelques bribes avec vous. »

CHANSONS POUR LE MUSÉE

Si tu as aimé le balado, l’album, le spectacle ou la performance Chansons pour le musée,
découvre ici des vidéos des artistes à l’œuvre puis des jeux qui aiguisent l’intuition et donnent plein de permissions.

Musée de l'informe

Chansons pour le musée
LE BALADO, épisode 1

À la suggestion du Psyquelette, Karine-Pas-Sauvé visite le Musée de l’Informe. Au cœur de cette salle remplie de sculptures étranges, sorte de pays des monstres, elle est attirée par une douillette motte d’argile…

Filaments

Karine Sauvé et Nicolas Letarte-Bersianik en répétition à La Chapelle – scènes contemporaines, automne 2020
vidéo: l’inconnu dans le noir

Bidouilleur sonore

Bruitages, synthés, mini-guitare branchée sur LED, Nicolas Letarte-Bersianik à l’œuvre avec ses folies sonores. (Apparition Navet Confit)

Pays des monstres

POUR FAIRE UNE RÉSIDENCE-CAMPING: paqueter une glacière, un sac de couchage et des minis-synthés puis partir pour 3 jours, 3 nuits en solo dans l’atelier d’une artiste. Oser croire que notre solitude sera plus douce, entouré d’œuvres inspirantes et qu’elles sauront peut-être nous insuffler quelques mots, une mélodie et l’élan de les chanter.

En résidence-camping dans l’atelier d’Élise Provencher, Karine a contemplé des céramiques improbables. On aurait dit qu’elles étaient dans un état de métamorphose! Elle a observé des mottes d’argile façonnées-pas-finies mais déjà très évocatrices. Karine croit qu’Élise l’invitait, avec beaucoup d’humour, à regarder ses propres monstres dans les yeux… C’est là qu’est né le Musée de l’Informe.

Un merci particulier à Élise Provencher pour son travail unique et cette riche collaboration.

ChAnTeR pOuR lEs ChOsEs!

UN JEU

Le psyquelette prescrit à Karine-Pas-Sauvé de s’infiltrer au musée, la nuit, afin de chanter pour une œuvre d’art dans laquelle elle se reconnaît. Il lui dit ça : « Quand tu te reconnais, tu chantes. C’est comme un médicament, mais au lieu de l’avaler, faut le sortir de sa bouche… »

À toi d’essayer ce remède pour le moins… excentrique!

Dans ta maison ou dans ta classe, choisis une œuvre d’art (tableau, dessin, sculpture, photographie…) qui reflète une ou plusieurs facettes de toi. Si tu ne trouves pas d’œuvre, ça peut aussi être un bibelot intriguant, ton livre préféré ou ce que tu trouves beau dans le frigo! Trouve ensuite trois mots qui décrivent en quoi tu te reconnais dans cette œuvre d’art ou cet objet. (Par exemple, si Karine-Pas-Sauvé jouait à ce jeu dans sa nouvelle maison, elle choisirait sûrement une fougère : échevelée, un brin fragile et amoureuse du soleil!) Sélectionne ton beat favori parmi ceux juste à droite et chante pour cette chose ! Laisse venir les paroles et les sons en t’inspirant de tes trois mots-clés.

Si tu le sens, invite ton parent ou ton professeur à faire la même chose. Promis, ça va lui faire du bien!

Si tu veux garder une trace de ta chanson, n’hésite pas à t’enregistrer et à partager ton enregistrement à l’équipe de Mammifères: mammiferes@mammiferes.ca

Vous trouverez ici les jeux en version PDF

Chair de poule

Karine Sauvé et Nicolas Letarte-Bersianik en répétition à La Chapelle – scènes contemporaines, automne 2020
vidéo: l’inconnu dans le noir

Musée du fragile

Chansons pour le musée
LE BALADO, épisode 2

Après avoir confié au Psyquelette son fantasme d’être un tardigrade, Karine-Pas-Sauvé visite le Musée du Fragile où elle est électrisée par la sculpture d’une rockeuse en porcelaine.

Suspecte

POUR FAIRE UNE RÉSIDENCE-CAMPING: préparer un pique-nique et partir pour une journée dans une galerie d’art, en dehors des heures d’ouverture, puis chanter pour les œuvres d’une exposition silencieuse et déserte (mis à part les caméras et l’agent de sécurité…). Oser croire que notre présence est aussi forte que celles des œuvres savamment sculptées et que, de notre voix, on saura les envelopper.

En résidence-camping au milieu de l’exposition Terriens à la galerie de l’UQAM, Karine s’est laissée impressionner par les fragiles céramiques de Shary Boyle représentant une multitude d’êtres hybrides, à la fois fragiles et puissants, semblant coexister harmonieusement. Elle a tenté d’y exister tout autant, craignant trop souvent que sa propre fragilité ne se transforme en un cri qui fracasserait tout. C’est là qu’est né le Musée du Fragile.

Karine remercie chaleureusement Shary de s’être prêtée aussi généreusement au jeu et de lui avoir fait confiance en l’invitant dans son atelier de Toronto puis au cœur de son expo. Merci également à la galerie de l’UQAM pour l’accueil.

La peau des choses

Karine Sauvé et Nicolas Letarte-Bersianik en répétition à La Chapelle – scènes contemporaines, automne 2020
vidéo: l’inconnu dans le noir

À quoi rêvent les œuvres?

UN JEU

Au Musée du Fragile, Karine-Pas-Sauvé se reconnaît dans la sculpture en céramique d’une femme complètement nue qui joue de la guitare électrique (branchée dans une souche d’arbre)! Cette œuvre existe pour de vrai. C’est une œuvre de l’artiste Shary Boyle.

Karine-Pas-Sauvé se projette dans cette sculpture. Cette femme, c’est elle dans le futur : bien, concentrée, courageuse. « Elle a l’air de dire oui, oui on a le droit d’être une femme et de faire du bruit au milieu du silence. »

Imagine, toi aussi, les pensées d’une œuvre d’art!

Choisis une œuvre qui se trouve dans ta maison ou dans ta classe (tableau, dessin, sculpture, photographie…). Si tu ne trouves pas d’œuvre, ça peut aussi être un objet que tu chéris ou qui pique ta curiosité : une peluche punk à demi-dépoilée, la roche la plus précieuse de ta collection ou un ballon de soccer dégonflé. Quelque chose qui dégage une personnalité originale, dont tu peux déceler un certain caractère! (Par exemple, si Karine-Pas-Sauvée jouait à ce jeu dans sa nouvelle maison, elle choisirait peut-être le manteau de fourrure blanc hérité de sa grand-mère et qui semble recroquevillé en boule dans la garde-robe parce qu’il a glissé de son cintre!) Observe attentivement l’objet que tu as choisi et essaie d’imaginer les secrets qu’il te confierait s’il pouvait parler… ses peurs, ses souvenirs, ses désirs enfouis, à quoi il rêve la nuit, quel est son projet le plus ambitieux… Quelque chose de surprenant qu’il pourrait te révéler de sa voix étrange d’objet!

Écris cette confidence au « je », en prenant soin de ne jamais nommer l’objet dont il est question. Si tu as le goût, lis ton texte à voix haute, en modifiant ta voix et en cherchant l’émotion juste. Ce sera peut-être un bon début pour une histoire, une pièce de théâtre ou pour la création d’un nouveau personnage (et qui n’aura peut-être plus rien à voir avec ton objet)!

Si tu veux garder une trace de ton texte lu, n’hésite pas à t’enregistrer et à partager ton enregistrement à l’équipe de Mammifères: mammiferes@mammiferes.ca

Vous trouverez ici les jeux en version PDF

Tardigrade

Karine Sauvé et Nicolas Letarte-Bersianik en répétition à La Chapelle – scènes contemporaines, automne 2020
vidéo: l’inconnu dans le noir

Musée du Dépouillé

Chansons pour le musée
LE BALADO, épisode 3

Suivant encore une fois les déroutants conseils du Psyquelette, Karine-Pas-Sauvé visite le Musée du Dépouillé où elle est prise de vertige. Une fête bien minimaliste l’attend et l’invite au courage.

Maison vide

Karine Sauvé et Nicolas Letarte-Bersianik en répétition à La Chapelle – scènes contemporaines, automne 2020
vidéo: l’inconnu dans le noir

Le cœur en éponge

Karine Sauvé et Nicolas Letarte-Bersianik en répétition à La Chapelle – scènes contemporaines, automne 2020
vidéo: l’inconnu dans le noir

Radar et cartels

UN JEU

Quand Karine-Pas-Sauvé entre dans le Musée du Dépouillé, il n’y a ni sculpture, ni tableau. L’œuvre qu’elle rencontre se vit plutôt comme une expérience : des confettis s’échappent un à un d’une petite boîte au plafond et tombent doucement jusqu’au sol. « C’était comme une fête au ralenti. Un cadeau tout simple, ordinaire pis grandiose, qui recommence, et qui recommence et qui recommence. » Cette installation s’inspire du travail d’artistes dont les œuvres sont des actions toutes simples, des manières inédites de rencontrer l’autre (et soi-même aussi!) ou de porter attention aux objets du quotidien.

Et si tu tentais de transformer ton propre regard sur ton environnement?

Déniche-toi d’abord un bout de papier, un crayon et un genre de corde (ceinture de robe de chambre, foulard, corde à sauter, ruban, ficelle, lacet… peu importe!). Avec ces trois objets en main, promène-toi dans ta maison ou dans ta classe en observant toutes les choses qui s’y trouvent. Ton œil, comme un radar, veut capter une image intéressante! Ne réfléchis pas trop, sois plutôt à l’écoute de ta petite voix intérieure. C’est elle qui te soufflera : « Hum… on dirait que cette guenille séchée en boule veut imiter l’orange qui se trouve juste à côté! » Comme tu vois, ce qui est recherché n’est pas nécessairement « beau » dans le sens qu’on l’entend habituellement, mais plutôt intriguant et évocateur d’une émotion. (Par exemple, si Karine-Pas-Sauvé jouait à ce jeu dans sa nouvelle maison, elle remarquerait sûrement une veste de laine qui enlace amoureusement la chaise sur laquelle elle est déposée ou alors le carré de papier de toilette qui tremblote un peu au-dessus du calorifère chaud!)

Quand tu as trouvé, encercle l’objet ou les objets choisis avec ta corde et assieds-toi devant comme si tu t’asseyais devant une œuvre au musée. Imagine le titre que tu pourrais donner à cette nouvelle œuvre. Le titre peut révéler des indices de ce que tu as toi-même perçu ou imaginé à travers l’objet. Inscris ce titre et les matériaux de l’œuvre sur le bout de papier et dépose-le devant le cercle, comme le cartel accompagnant une œuvre dans une salle d’exposition. (Avec les objets qu’elle a choisis, Karine-Pas-Sauvé pourrait inscrire : « Roméo et Juliette juste avant l’aube. Bois, laine et acrylique. » Et « Chair de poule. Papier et air réchauffé. ») Tu peux refaire le jeu avec des objets différents et inviter ton parent ou ton professeur à visiter ton « musée domestique »!

Si tu veux garder une trace de tes oeuvres, n’hésite pas à les photographier et à partager tes photos à l’équipe de Mammifères: mammiferes@mammiferes.ca

Vous trouverez ici les jeux en version PDF

Pour Sylvie

POUR FAIRE UNE RÉSIDENCE-CAMPING: paqueter une glacière, un sac de couchage et des minis-synthés puis partir pour 3 jours, 3 nuits en solo dans l’atelier d’une artiste. Oser croire que de nous asseoir et de contempler, ça ouvre les oreilles et le cœur, nous laissant entendre la chanson que l’on porte.

Dans la pratique de Sylvie Cotton, la présence, l’écoute et la rencontre sont primordiales. Ses nombreuses expressions évocatrices telles Déshabiller les guirlandes, Avec du l’autre ou C’est toujours le temps d’aimer, deviennent des titres d’œuvres ou des slogans qu’elle tisse à même les rideaux de son salon! Lors de cette résidence-camping, Karine a chanté pour la maison-atelier, accueillante et enveloppante, pour les nombreux livres qui l’habitaient et pour l’artiste elle-même. À l’issue de son séjour, elle a invité Sylvie à la retrouver et lui a offert un concert intime. C’est là qu’est né le Musée du Dépouillé. 

Ce qui a le plus touché Karine, c’est l’immense capacité à recevoir de Sylvie. Elle était toute là, tendre, et elle lui permettait de dévoiler réellement les germes de ses chansons.